Des militants européens de « N’oublions pas Sabra et Chatila et le droit au retour » visitent l’exposition solidaire d’Amel à Haret Hreik

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Mohanna : Sans justice pour les victimes de la Nakba palestinienne, il n’y a ni justice dans le monde ni dignité pour l’humanité

À l’occasion du 43ᵉ anniversaire du massacre de Sabra et Chatila, une délégation du comité italien « N’oublions pas Sabra et Chatila et le droit au retour » a visité l’exposition permanente de solidarité et de documentation lancée par l’Association Amel International en partenariat avec Beit Atfal Al-Somoud et le comité lui-même. Cette exposition, installée depuis 2023 au Centre de développement des capacités humaines d’Amel à Haret Hreik, vise à préserver la mémoire et à réaffirmer la solidarité avec la cause palestinienne.

La délégation a été accueillie par le Dr Kamel Mohanna, président de l’Association Amel International et coordinateur général de l’Union arabe et libanaise des ONG, en présence de Dr Qassem Aina, président de Beit Atfal Al-Somoud, ainsi que de plusieurs personnalités locales et représentants des médias. Accompagnée de M. Bassam Saleh, la délégation a parcouru l’exposition qui présentait cette année des peintures expressives, des scènes théâtrales sur le massacre et un court documentaire. Des discussions ont également porté sur la possibilité de transformer l’exposition en bibliothèque itinérante afin de transmettre la mémoire aux générations futures et à d’autres pays.

L’intervention du Dr Mohanna

Dans son discours, le Dr Mohanna a salué la délégation en rappelant :
« L’an dernier, seules quelques heures ont séparé votre présence ici à Haret Hreik du début d’une nouvelle phase de l’agression israélienne contre le Liban. Aujourd’hui, malgré tous les défis et les risques, vous revenez pour vous tenir de nouveau à nos côtés, incarnant l’engagement et le courage véritables. »

Il a souligné que la cause palestinienne demeure le critère de crédibilité de l’action humanitaire, affirmant que ce qui se déroule aujourd’hui à Gaza – génocide et massacres – est la continuité du même crime et un test pour l’humanité entière.

Le Dr Mohanna a précisé qu’à côté des atrocités actuelles à Gaza, l’horreur de Sabra et Chatila paraît désormais presque « minime ». Le nombre de martyrs dans la bande de Gaza a dépassé les 64 000, dont plus de 20 000 enfants – davantage que le nombre d’enfants tués pendant les deux guerres mondiales – tandis que la population subit une politique systématique de famine ayant déjà coûté la vie à des milliers de personnes.

« Ce n’est pas simplement une guerre, a-t-il insisté, mais un processus d’extermination globale visant à détruire à la fois les êtres humains et les infrastructures : hôpitaux, écoles, défense civile, tout est ciblé, ainsi que les journalistes, les médecins et les institutions humanitaires, en violation flagrante de toutes les lois internationales. »

Une solidarité transfrontalière

Malgré ce tableau sanglant, Mohanna a exprimé son espoir dans la nouvelle génération d’étudiants et de jeunes militants qui manifestent aujourd’hui dans les universités occidentales – de Columbia à Paris – en scandant « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre ». Il a affirmé que la révolution palestinienne est devenue un symbole universel de la lutte pour la libération de l’humanité.

Réitérant sa solidarité avec le peuple de Gaza et de Cisjordanie, ainsi qu’avec les réfugiés palestiniens au Liban et dans la diaspora, Mohanna a appelé à un arrêt immédiat de la famine, de la guerre et des actes de génocide. Il a souligné que la responsabilité incombe aux gouvernements, non aux organisations humanitaires, et a demandé que les responsables de ces crimes soient traduits devant la Cour pénale internationale. « Les condamnations et déclarations ne suffisent plus, a-t-il conclu. Ce qu’il faut aujourd’hui, ce sont des positions fermes et décisives pour mettre fin à ce massacre en cours. »

Les voix de la délégation

L’activiste italien Flavio a affirmé que la présence de sa délégation à Beyrouth s’inscrivait dans une démarche de solidarité concrète avec le peuple palestinien, allant au-delà du simple symbole, grâce à un travail conjoint dans les domaines médiatique, journalistique et humanitaire. Il a souligné que leur engagement en Italie se poursuit pour informer l’opinion publique européenne et internationale sur la réalité de la situation, tout en faisant pression pour stopper l’exportation d’armes vers Israël.

« La cause palestinienne n’est liée ni à une religion, ni à une secte, ni à une couleur », a-t-il insisté. « Elle est fondamentalement une cause humaine. Le peuple palestinien fait partie de notre histoire commune, et ce qu’il subit – génocide, destruction et déplacement – est un crime contre l’humanité entière. »

De son côté, Dr Qassem Aina a rappelé que la mémoire de Sabra et Chatila, coïncidant avec l’extermination en cours à Gaza et en Cisjordanie, « doit se transformer en une force mondiale de lutte, traduite en actions concrètes pour soutenir la résistance du peuple palestinien et porter sa voix dans toutes les instances internationales ».

Un crime qui résonne encore

La délégation italienne a réaffirmé son engagement à porter la voix palestinienne en Europe et au-delà, soulignant que « Sabra et Chatila et Gaza ne sont pas de simples tragédies locales, mais des causes humanitaires universelles qui exigent une action urgente pour mettre fin à l’impunité et tenir Israël responsable de ses crimes répétés. La solidarité ne suffit pas ; il faut une action politique et juridique qui mette un terme à la politique d’extermination et restaure la justice. »

La visite s’est conclue sur un message fort : Sabra et Chatila ne sont pas un simple souvenir, mais une blessure ouverte dans la conscience du monde. Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza est le prolongement de ce même crime. Le message est clair : pas de justice sans responsabilité, pas de dignité sans résistance. Tandis que l’occupation poursuit ses crimes sous les yeux du monde, les voix des peuples libres – et la présence tenace d’institutions humanitaires comme Amel et Beit Atfal Al-Somoud – témoignent que la mémoire ne peut être effacée, que les droits ne s’éteignent pas, et que la solidarité transfrontalière reste le chemin pour maintenir vivante la cause palestinienne dans la conscience de l’humanité.

Amel.org
Amel.orghttps://amel.org/
Amel Association International is a social movement for reform, human dignity, access to fundamental human rights, and social justice. Established in 1979 and recognized as a public utility by presidential decree 5832 in 1994, this Lebanese non-sectarian NGO is present in 10 countries.

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