Cinq ans d’émancipation : comment une femme a trouvé la force, les compétences et la solidarité féminine chez Amel

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Dans une salle de classe modeste, bercée par le doux bourdonnement des machines à coudre et la concentration silencieuse de femmes apprenant de nouveaux points, Mirna Chaoul se déplace avec l’assurance de quelqu’un qui a trouvé son second foyer.

Résidente d’Aïn El-Remmaneh, Mirna franchit les portes du centre de l’Association Amel International depuis maintenant cinq ans. Ce qui avait commencé par un simple cours de broderie s’est transformé en un véritable voyage de découverte de soi, de résilience et d’épanouissement professionnel.

« Je suis venue à Amel pour la première fois en 2020, » se souvient Mirna, les mains occupées à enfiler une aiguille. « À l’époque, je cherchais un moyen de subvenir aux besoins de ma famille. Je ne savais même pas tenir une paire de ciseaux correctement, encore moins coudre une ligne droite. Mais les formatrices ici ont vu du potentiel en moi, bien avant que je le voie moi-même. »

Mirna est l’une des nombreuses femmes — et hommes — qui ont bénéficié du programme de protection d’Amel, financé par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Mis en œuvre dans les centres d’Amel à Haret Hreik et Aïn El-Remmaneh, ce programme propose des formations professionnelles gratuites visant à autonomiser les participants tant sur le plan social qu’économique. Il s’adresse spécifiquement aux personnes âgées de 16 à 59 ans, dont beaucoup peinent à reconstruire leur vie dans un contexte de difficultés socio-économiques, de déplacement ou d’accès limité au marché du travail.

Au fil des années, le programme à Aïn El-Remmaneh s’est étoffé pour offrir une large gamme de formations professionnelles : broderie palestinienne et brésilienne, couture, crochet, coiffure, esthétique, réparation de téléphones portables, design graphique, création de contenu, et bien d’autres. Chaque formation dure trois mois, avec la remise d’un certificat à la fin — et, dans de nombreux cas, un kit professionnel est fourni pour aider les diplômés à lancer leur propre microentreprise.

Mirna a suivi plus d’une douzaine de formations. Aujourd’hui, elle est couturière qualifiée et accompagne souvent les participantes plus jeunes. « Ce n’est pas seulement une question de compétences, » explique-t-elle. « C’est une communauté. On se soutient dans tout — les pertes personnelles, les difficultés économiques, même les moments de joie. Ce centre, ce n’est pas juste un bâtiment, c’est une bouée de sauvetage. »

Le centre d’Aïn El-Remmaneh, niché dans un quartier animé de Beyrouth, fonctionne comme un véritable carrefour d’espoir. Au-delà des formations professionnelles, il propose un accompagnement psychologique, des sessions de sensibilisation et des espaces d’expression créative tels que le théâtre et la photographie. L’objectif ne se limite pas à l’emploi — il s’agit aussi de dignité, d’expression de soi et de guérison.

« Chaque fois que j’apprends quelque chose de nouveau, je me sens plus jeune, » plaisante Mirna. « Cela me rappelle que j’ai encore de la valeur, que je peux évoluer et redonner. »

Son parcours illustre la durabilité et l’impact d’un modèle d’autonomisation ancré dans la communauté. Au fil des années, Mirna n’a pas seulement cousu du tissu — elle a tissé un réseau d’amitiés, trouvé un sens à sa vie et acquis la confiance nécessaire pour rêver à nouveau.

Alors que le Liban continue de faire face à des défis économiques et sociaux, le centre Amel d’Aïn El-Remmaneh demeure un refuge essentiel — un lieu où apprendre devient synonyme de libération, et où des femmes comme Mirna Chaoul montrent la voie par l’exemple.

Amel.org
Amel.orghttps://amel.org/
Amel Association International is a social movement for reform, human dignity, access to fundamental human rights, and social justice. Established in 1979 and recognized as a public utility by presidential decree 5832 in 1994, this Lebanese non-sectarian NGO is present in 10 countries.

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