Au Centre de l’Association Amel Internationale à Aïn El-Remmaneh, une histoire unique de résilience et d’émancipation se déroule. Chaque jour, un groupe de femmes courageuses se réunit pour répéter « Un Mouchoir Rouge », une pièce écrite et mise en scène par Mohammad Hamdan Eidy. Ce n’est pas seulement une performance théâtrale — c’est un témoignage vivant contre la discrimination, la stigmatisation et les profondes blessures que le patriarcat inflige aux générations de femmes.
Durée et Contexte
Cette œuvre transformatrice s’inscrit dans le cadre d’un projet du HCR et d’un cours de théâtre organisé au Centre Amel. Ce qui avait commencé par de simples exercices psychologiques et physiques s’est de manière inattendue, transformé en une grande production théâtrale. Entre rires et réflexions, le formateur, Mohammad Hamdan Eidy, a élaboré un scénario puissant, ancré dans les expériences réelles des femmes qu’il observait.
Inspiré par des études psychiatriques et ses propres observations, Eidy a façonné l’histoire de chaque personnage afin de refléter les luttes et les rêves des participantes. Fait remarquable, près de 90 % des expériences vécues par ces femmes ont trouvé un écho dans le script, créant ainsi un lien émotionnel et authentique entre les interprètes et leurs rôles.
Les répétitions, qui ont duré près de deux ans, n’ont pas été exemptes de défis. Certaines femmes parcouraient une demi-heure à pied chaque jour avec un fils autiste pour assister aux pratiques. D’autres voyageaient avec de jeunes enfants de Baalbek à Beyrouth, jonglant entre lourdes responsabilités domestiques et engagement artistique. Malgré ces obstacles, leur profonde croyance en la cause de la pièce et en la vision du professeur a nourri une persévérance inébranlable. Pour beaucoup, le cours de théâtre est devenu un rare espace de réconfort psychologique, de développement personnel et de courage retrouvé — au point que même les thérapeutes ont constaté des effets transformateurs sur leur personnalité et leur bien-être émotionnel.
À propos de la Pièce
« Un Mouchoir Rouge » s’ouvre sur les hommes d’un village demandant aux femmes de laver le corps d’une femme assassinée. Au cours du processus, elles découvrent un foulard rouge posé à côté du cadavre — un objet symbolisant la honte sociale que les femmes ont été conditionnées à porter tout au long de leur vie.
L’histoire de chaque personnage dresse un portrait saisissant de résilience :
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Nohad, forcée à se marier pour soulager la charge financière de sa famille, prend finalement une décision déchirante pour protéger son enfant à naître.
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Ibtissam, trahie par son mari après avoir affronté l’infertilité, reste enchaînée par l’amour.
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Reem, mariée jeune dans un village où l’on privilégie les fils aux filles.
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Hounaida, qui survit à une tentative de meurtre par son mari et se bat pour sa vie.
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Dareen, une femme travailleuse exploitée par les dépendances de son mari.
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Mariam, emprisonnée dans un mariage sans amour sous la pression sociale.
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Mary et Mirna, deux célibataires s’accrochant à des illusions d’admirateurs.
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Jenny, une artiste de cabaret vivant derrière un voile de secrets.
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Khitam, une femme divorcée portant le lourd fardeau de la stigmatisation sociale.
Symboles Théâtraux
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Le Foulard Rouge : Représente la honte héritée que la société impose aux femmes, honte qu’elles portent — souvent inconsciemment — tout au long de leur vie.
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Le Cadavre : Symbolise les causes marginalisées, notamment des enjeux politiques comme la cause palestinienne, ainsi que l’indifférence collective de la société. Tandis que les femmes alternent entre laver le corps, bavarder, boire du café, chanter et danser, la scène reflète le désintérêt désinvolte de la société face aux injustices urgentes.
Objectif
Partout dans le monde, les femmes portent des blessures invisibles et affrontent des obstacles systémiques à leur liberté et à leur dignité. « Un Mouchoir Rouge » raconte l’histoire courageuse de femmes qui s’unissent pour partager leurs expériences, confronter les tabous sociaux et briser la stigmatisation injustifiée qu’elles subissent. À travers l’art, elles reprennent possession de leur voix, défendent leurs droits et suscitent des conversations qui transcendent les frontières et les communautés.
Visite de Partenaires Internationaux
Lors d’une récente visite spéciale au Centre Amel, Yvan Rivier, Président de la Fondation Philanthropique Famille Sandoz, accompagné de Dina Hajar, Jano Fadlallah et Wael Darwish de Caritas Suisse, a assisté à une répétition et a visité les services complets proposés par le centre.
Since 2007, the center has delivered:
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Protection services and vocational training
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Non-formal education for over 150 children annually
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Primary health care for more than 800 patients monthly
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Empowerment programs for women through skills development and creative arts
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Elderly care reaching over 2,000 beneficiaries monthly
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Community engagement initiatives that build solidarity and resilience
Their visit reflects a deepening commitment to partnership, innovation, and building a more just and inclusive future.
Artistic Excellence
Meanwhile, Mohammad Hamdan Eidy continues to garner international acclaim. His short film, « The Mail Thief, » co-directed with Abbas Abbas, won the Jury Prize for Best Short Film at the Egyptian American Film Festival in New York under the theme « Palestine in the Heart. »
In Ain El-Remmaneh, however, « A Red Handkerchief » has become more than a play. It is a bold act of remembrance, empowerment, and healing — a powerful testament to the idea that when women come together to tell their stories, they change not only the narrative but the very fabric of society.